samedi 2 avril 2016

Sermon de Mgr Williamson à l'occasion du sacre du R.P. Thomas d'Aquin le 19 mars 2016

Source: France Fidèle

                Jour de grande joie !   Nous nous retrouvons tous aujourd’hui ici pour un Sacre d'évêque, la consécration d'un évêque, dans des circonstances absolument exceptionnelles de l'Eglise.   Et beaucoup de problèmes viennent tout droit du fait que les gens, même de bons catholiques, ne comprennent pas la gravité de la crise dans laquelle nous nous trouvons.

              Mais, tout d'abord, remercions tous les amis, jeunes et vieux, qui ont aidé, femmes et jeunes filles qui ont aidé et contribué à organiser cette cérémonie.  Derrière un évènement comme celui-ci, il y a beaucoup de travail. Et nous remercions tous ceux qui ont travaillé pour la cérémonie,  dans la sacristie, dans la cuisine, pour la décoration de notre cathédrale.
                Et remercions aussi Saint Joseph : c'est encore une fois lors la fête de Saint Joseph, patron de l'Eglise, que nous nous retrouvons pour la consécration d'un évêque. Grand Saint Joseph, très puissant, très proche de Notre Seigneur, mais silencieux et discret. On ne pense pas beaucoup à lui, mais je n'ai pas de doute que c'est lui qui est derrière ces deux consécrations.

                Remercions donc Saint Joseph et bien évidemment Monseigneur Lefebvre: nous sommes ceux qui essayons de suivre Monseigneur Lefebvre et d'être ses véritables successeurs, nous pensons que d'autres qui pensent le suivre ne le suivent pas, précisément parce qu’ils ne comprennent pas la gravité de la situation d'aujourd'hui, du monde et de l'Eglise.

               
Nous sommes maintenant vingt-cinq ans après sa mort, dans quelques jours, le 25 mars, vingt-cinquième anniversaire de la mort de Monseigneur Lefebvre, et il s'est passé beaucoup de choses durant ces années ;  nous ne sommes plus du temps de Monseigneur Lefebvre, son temps est passé, et la situation s'est beaucoup détériorée durant ce quart de siècle.

                Il a été le pionnier d'une nouvelle époque de l'Eglise, et aujourd’hui, c'est un autre moment de cette nouvelle époque, nouveau moment de cette nouvelle époque.  Monseigneur Lefebvre a créé sa Fraternité pour résister au concile, pour permettre à l'Eglise de ne pas perdre la Vérité contredite, Vérité dont le concile est la contradiction.

                Alors, que sa Fraternité ne serait-ce que pense à se soumettre aux conciliaires de Rome est quelque chose de presque inconcevable, mais voilà la crise de l'Eglise et du monde d'aujourd'hui.

                Ce glissement de la Fraternité est un signe, un autre signe de la gravité de la crise. Si les chefs actuels de la Fraternité avaient compris la crise, jamais ! Jamais ! Jamais !  Ils n'auraient fait ce qu'ils sont en train de faire en ce moment, c'est-à-dire essayer de se soumettre à Rome.

                Mais bon,  je me souviens, Monseigneur Lefebvre durant les années 70-80 du siècle passé   nous le disait souvent, à nous séminaristes, parlant de la situation de l'Eglise, car il allait fréquemment à Rome, non pas pour arriver à un accord mais pour défendre la Foi !   Chose que la Fraternité actuellement ne comprend pas.  Ils disent: nous sommes les successeurs de Monseigneur Lefebvre parce qu’il essayait de se soumettre à Rome et nous, nous faisons la même chose. Non, non, non, non, non ! En apparence c’est la même chose, mais en réalité, non ! Parce que, ce que faisait Mgr Lefebvre, c’était d'essayer de sauver Rome pour le bien de toute l'Eglise et pour le bien de la Foi ! Il défendait la Foi quand il visitait Rome !  Quand il visitait Rome, il défendait la Foi !  Il ne cherchait pas un accord politique comme aujourd'hui.

Mais c'est typique du monde d'aujourd'hui, de l'Eglise d'aujourd'hui, des prêtres d'aujourd'hui, des évêques d'aujourd'hui, qui veulent une solution humaine à un problème qui est beaucoup plus que seulement humain.
Le problème, c'est le refus de Dieu, problème divin ; s'il y a problème divin, c'est celui-là. Même à l'intérieur de l'Eglise. Et alors, une solution divine s´applique et non une politique humaine, une politique humaine ne résoudra jamais cette crise.
La crise, c´est que le grand nombre, une grande partie des chefs de l'Eglise a accepté les principes de la contre-église, c'est-à-dire de la révolution, les principes du libéralisme.

                Et évidemment, quand les chefs d'une organisation acceptent les principes opposés à cette organisation, l'organisation tombe, tombe en ruines.  Et l'Eglise est en train de tomber.  Et la Fraternité est en train de tomber, elle ne va pas encore tomber complètement, on ne peut pas dire cela, mais elle est en train de tomber ; si elle ne change pas de direction, elle tombera.       
       
                Alors, avec le glissement de la Fraternité, nous voyons la gravité de la situation, parce que, ces bons prêtres et évêques, enfin, en principe bons, faits pour résister à la chute de l'Eglise, tombent  en prenant ce chemin.  Incroyable, Monseigneur Lefebvre disait constamment, « c'est inimaginable, c'est inconcevable », mais c'étaient les faits.     
        
                Et Monseigneur Lefebvre ne niait jamais les faits, il était réaliste, il reconnaissait et se soumettait à la réalité.  Ces hommes de l'Eglise et de la fraternité ne sont pas réalistes, ils sont fantaisistes, voulant suivre la fantaisie libérale du monde moderne.  Et ça, ça n'est pas de Dieu.  Dieu a beaucoup de patience mais la Vérité est ce qu'elle est.

                Et le grand problème d'aujourd'hui, le grand problème du monde et de l'Eglise, en premier lieu de l'Eglise, en deuxième lieu du monde: si l'Eglise était toujours saine, le monde ne serait pas comme il est aujourd'hui.

                L'Eglise est le sel de la terre et la lumière du monde, et sans la santé de l'Eglise, il n'y a pas de lumière: ce sont les  ténèbres, et il y a corruption au lieu d'avoir la santé, alors: signe de la décadence ;  et nous, nous ne pouvons pas suivre, et c'est pour cela que nous faisons la cérémonie d'aujourd'hui et la cérémonie de l'année dernière.  Et nous continuerons de sacrer des évêques selon les besoins des fidèles qui comprennent.  Mais dans cette crise, nous ne pouvons pas penser qu'il y aura toujours beaucoup de fidèles qui comprennent, ni beaucoup de prêtres ;  la crise est telle que la grande majorité des gens , des fidèles, des prêtres, sont persuadés que le mal n'est pas si mauvais, que l'on peut supporter, que l'on peut faire des compromis, que l'on peut attendre, que l'on peut prier ; prions, oui, oui, mais nous avons besoin de plus que la prière, il faut aussi agir.

                Il n'y a pas beaucoup de personnes qui comprennent cette gravité de la crise.  Alors ne croyons pas que ce soit un problème que nous ne soyons pas nombreux : c'est normal qu'il n'y ait pas beaucoup de monde dans le mouvement de résistance d'aujourd'hui.

                Et aussi la structure, la structure est absolument normale pour les catholiques, et les catholiques naturellement et normalement veulent une structure.   Et lorsqu´ils se sont rendu compte que la structure de la Fraternité ne survivrait pas, court le risque de ne pas survivre, ils ont cherché et espéré une autre structure, mais chers amis, je vous suggère que le temps des structures est presque dépassé, oui, oui, oui.  Le temps des structures est derrière.  Les structures supposent des hommes qui ont assez de cohérence, de docilité et soumission à la réalité pour constituer une congrégation solide ; sans hommes solides, il n'y aura pas de congrégation solide.  La Fraternité en est la preuve. Les hommes d'aujourd'hui, nous ne sommes pas solides, peu d'entre nous sont solides aujourd'hui.  Alors n'attendons pas les fruits du temps des hommes solides, lorsque les hommes ne sont plus solides.

Ce mouvement de résistance à la droite de la Fraternité est et restera très petit, et c'est normal, parce que Dieu travaille maintenant avec un reste. Et dans l'histoire de l'Eglise, ces restes, par exemple dans l'Ancien Testament, au temps d'Elie, ces restes sont normalement peu nombreux.  Hier, les personnes, les catholiques, pouvaient compter avec les structures et avec les institutions, les personnes pouvaient dépendre des institutions, mais aujourd'hui, les institutions dépendent des personnes parce que les institutions sont presque dissoutes.   Une institution aujourd'hui, c'est très difficile; seulement pour le mal, pour le mal c'est très facile ; mais pour faire le bien, c'est très difficile.  Le bien a presque disparu des têtes et des cœurs ; comme pour la vérité, les hommes d'aujourd'hui ont perdu la Vérité.  Et il n'y a pas, pour les mêmes raisons, il n'y a presque plus d'autorité: le Pape de Rome est essentiel pour un homme catholique, hier, avant-hier, on a toujours travaillé dans l'Eglise sous l'autorité du Pape.  Et sans le Pape, ce n´est pas quelque chose de catholique, alors le Pape d'aujourd'hui -c´est comme les six papes précédents-, ils ont accepté les principes libéraux du Concile, ce sont des hommes du Concile ; objectivement parlant, c'est une folie au sommet de l'Eglise, et cette folie descend depuis le sommet.

Les papes du Concile, ces papes du Concile, savent-ils ce qu'ils font ?  Dieu  juge.  Il ne dépend pas de nous de  juger.  Mais sans le Pape, à travers qui passe toute autorité depuis le Ciel jusqu'aux hommes,  toute autorité à l'intérieur de l'Eglise et même, en dehors de l'Eglise, en dehors de l'Eglise, le monde dépend aussi de l'autorité, du prestige, de l'enseignement du pape catholique :  « Je ne suis pas catholique, je hais les catholiques mais je dépends moi-même des catholiques », c'était ainsi.  Aujourd'hui l'Eglise est en train de couler, de se dissoudre, parce que le Pape a tout corrompu.

La solution divine de cette crise ne peut pas être autre que le salut du Pape,  le retour  du Pape catholique et à ce moment-là, il y aura des catholiques de toutes les directions, de bonne volonté, qui viendront se joindre autour du Pape, et sous l'autorité du Pape, nous aussi.  Et à ce moment-là, nous, les deux évêques et le futur évêque,  nous nous soumettrons immédiatement quand il y aura de nouveau un Pape réellement catholique, et il y en aura un, nous le croyons et nous le savons, Dieu ne peut pas abandonner son Eglise,  c'est impossible.

Alors il faut espérer le sauvetage divin du Pape, nous ne savons pas comment il se passera, mais nous savons qu'il arrivera.  Jusqu'à quel moment l'autorité sera-t-elle dissoute ?

Alors structurer une résistance avec une autorité et avec une obéissance et des supérieurs, ne l'attendez pas, chers amis, ne l'attendez pas,  je pense que ça n'arrivera pas.

                Par contre, la vision du père Calmel qui, dans les années 70, voyait un futur de l'Eglise qui consistait en des poches de Foi, des poches de résistance, un réseau de poches de résistance.  Un réseau, c'est-à-dire différentes forteresses par ci, par là, dans le nouveau monde, dans le vieux monde,  partout.  Et depuis quelques années on voit cela, par exemple la forteresse de l'abbé Jayr, face au Salvador, ici au Brésil, existe depuis déjà, je ne sais pas depuis quinze, vingt ans, indépendante, elle existe, elle est là,  un phare pour beaucoup de catholiques du centre du Brésil, que sais-je. 

                Alors le futur de l'Eglise jusqu'à ce que Dieu sauve son Pape, sera particulier.  Ce sera difficile, oui ! Mais impossible, non !  Pourquoi impossible, non?  Parce qu’avec la grâce de Dieu, nous avons la Vérité, et la Vérité est l'objectif, la raison d'être de l'autorité ; nous avons perdu l'autorité mais si nous sauvons la Vérité, si nous restons fidèles à la Vérité, nous sauvons l'essentiel de l'autorité.  Parce que, quand reviendra une autorité saine, ce sera dans la Vérité et pas ailleurs, pour ainsi dire, et la Vérité nous unira. La Vérité sera l'unité, la force et l'unité de ce réseau de poches de résistance.  Mais il y aura, sans autorité (pour combien de temps n'y aura-t-il pas d'autorité),  mais il y aura des disputes et nous le voyons aujourd'hui, au Brésil, il y a eu des disputes entre les bons prêtres qui résistent, qui veulent résister, qui ont la Foi ; il y a des disputes très fortes, et un manque d'unité, chers amis, qu’il faut supporter ; on dit en anglais : « What can't be cured must be endured » .  Ce qui ne peut être guéri doit être supporté.  

Alors remercions Dieu d'avoir un nouvel évêque, qui a la Foi et qui a démontré pendant des dizaines d'années qu'il suit la ligne de la Vérité, il ne suit pas les personnes, il suit la Vérité, et c'est ce qui est nécessaire aujourd'hui.  Les personnes ne dépendent plus des institutions, c'est une fragilité pour les personnes, alors ne comptons pas trop sur les personnes, toutes ces personnes,  y compris votre serviteur, sont faillibles, et nous pouvons tous tomber ; regardez encore une fois la Fraternité créée pour résister et qui est en train de couler.
  
 Alors, remercions Saint Joseph et Dieu pour  le nouvel évêque, un homme éprouvé dans la guerre pour la Foi, dans le combat de la Foi.  Et prions la Très Sainte Vierge, pour lui en particulier, et pour tous les prêtres et évêques qui veulent servir Dieu, et pour la survie de la Foi.  Voici ce qui est important : que vive la Foi, tout pour que survive la Foi, tout doit être soumis à cette nécessité fondamentale.  Sans la Foi, nous sommes dans les ténèbres complètes, dans le monde et dans l'Eglise.  Maintenons la Foi, restons fidèles à la Foi et pour cela prions constamment le Rosaire, le Saint Rosaire de la Très Sainte Vierge Marie.   Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.